Fed_fiscalMartin Coiteux
Professeur agrégé,
Service de l’enseignement des affaires internationales
HEC Montréal

Des leçons européennes pour le Québec

Les Européens n’ont pas manqué d’audace lorsqu’ils ont décidé de mettre au rancart leurs monnaies nationales respectives pour les remplacer par une monnaie commune. Cette audace leur a permis d’engranger d’importants bénfices. L’euro s’est rapidement imposé comme l’une des monnaies-piliers du système financier international en même temps qu’elle a permis aux pays membres de l’union monétaire de vivre un processus inédit de convergence de leurs taux d’inflation et d’intérêt. Cette convergence a permis à des pays traditionnellement moins favorisés sur le plan économique de rattraper une partie de l’écart qui les séparait des pays les plus riches. En dépit de ces succès indéniables, la zone euro est secouée à l’heure actuelle par une crise qui teste sa volonté de se réinventer sur le plan institutionnel.

Les économistes qui se sont penchés sur la question de la viabilité d’une union monétaire ont généralement mis l’accent sur deux critères favorables : la convergence économique des régions participantes et l’existence de mécanismes de transfert de la richesse entre ces mêmes régions. Aussi importante soit-elle, la convergence économique ne peut cependant constituer un critère absolu dans la détermination de la viabilité d’une union monétaire. Les régions participantes à une union monétaire seront toujours distinctes les unes des autres, ne serait-ce qu’en raison de leur spécialisation relative dans différentes sphères d’activité économique. Dans ce contexte, il serait illusoire de penser que leurs économies respectives évolueront toujours en tandem. C’est pourquoi les économistes insistent davantage sur l’existence de transferts entre les régions pour juger de la solidité d’une union monétaire. De ce point de vue, il y a beaucoup à apprendre d’une comparaison entre les expériences européenne et canadienne en union monétaire.

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