ressourcesMadelaine Drohan
Correspondante canadienne de l’hebdomadaire The Economist

Elle contribue également sur une base régulière à une de ses divisions de recherche et d’analyse, The Economist Intelligence Unit.

Dans un discours attrayant à bien des égards prononcé le 8 avril 2014, l’ex-premier ministre Brian Mulroney trace la voie vers la prospérité pour le Canada en proposant de tirer le meilleur parti possible de nos ressources naturelles. L’adoption de politiques environnementales sensées, la recherche de nouveaux marchés à l’exportation ailleurs que chez nos voisins du Sud, et la création de partenariats plus efficaces avec les provinces et les Premières Nations sont de bonnes idées. Toutefois, lorsqu’il dresse la liste des principaux acteurs qui devront consentir à la mise en place de ce plan, M. Mulroney oublie le plus important d’entre eux : le peuple canadien, propriétaire au premier chef des ressources naturelles du pays.

Les gouvernements, les entreprises et les Premières Nations voient l’exploitation des ressources naturelles par la lorgnette de leurs besoins et désirs particuliers. Les gouvernements veulent une économie florissante, mais aussi les recettes qui serviront à financer les dépenses et leur donneront la popularité requise pour gagner à nouveau les élections. Les entreprises recherchent le profit. Les Premières Nations veulent avoir voix au chapitre et décider elles-mêmes si l’exploitation des ressources peut avoir lieu sur leurs terres ancestrales, et obtenir dans ce cas leur juste part des bénéfices.

Pour sa part, le Canadien moyen peut ou non partager tous les objectifs qui précèdent en tant que citoyen, actionnaire ou ardent défenseur des droits des Premières Nations. Toutefois, chaque Canadien pris individuellement a besoin de plus qu’un plan d’acheminent des ressources vers le marché qui respecterait les notions d’efficacité et de pérennité. En tant que propriétaires, les Canadiens veulent savoir que l’argent gagné lors de la vente d’un actif irremplaçable – ce que sont en fait les ressources naturelles non renouvelables – sera traité comme un actif financier qu’il convient d’épargner et d’investir plutôt que comme un revenu à dépenser. L’absence de garantie à cet égard est la lacune de taille que cache le plan de M. Mulroney.

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