canada_bleuFrédéric Boily
Professeur agrégé, science politique
Directeur de l’Institut d’études canadiennes
Campus Saint-Jean,
Université de l’Alberta

Janvier 2014

Peut-on identifier une vision du fédéralisme qui, à la manière d’un fil conducteur courant d’une époque à l’autre, appartiendrait en propre aux conservateurs? Telle est la question qui guide cette étude.

Elle se pose d’autant plus qu’aujourd’hui, la thèse dominante est celle de la rupture, l’idée étant que l’actuel Parti conservateur serait seulement une nouvelle carrosserie pour un moteur qui carbure toujours aux idées réformistes véhiculées dans les années 1990 par Preston Manning. « Le Reform est mort, vive le Reform! », pour le dire à la manière du journaliste Jeffrey Simpson1. Ainsi compris, les conservateurs de Stephen Harper représentent une brisure. Il est vrai que Stephen Harper a fait son apprentissage politique dans le vivier albertain de Calgary et qu’il soutient des positions s’inscrivant dans la lignée des idées défendues dans l’Ouest, comme la réforme du Sénat ou encore l’approche pro-marché caractéristique du Parti réformiste. Mais, il ne faut pas négliger les facteurs qui ont pu éloigner Harper de ce terreau réformiste, par exemple, le fait que l’exercice du pouvoir demande une dose appréciable de pragmatisme ou que les conservateurs sont parvenus à obtenir leur majorité seulement en courtisant l’électorat ontarien. Dans ce contexte, les députés réformistes de la première heure ne forment peut-être plus nécessairement la voix dominante du chœur conservateur. Peut-on alors simplement postuler que les conservateurs d’aujourd’hui poursuivent le programme réformiste d’hier sans se demander si Harper s’inspire aussi des précédents chefs conservateurs comme Brian Mulroney, voire John Diefenbaker? À tout le moins,
la question mérite réflexion.

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