statistiques3ÉTUDE : L’ÉTAT DU FÉDÉRALISME DANS LE MONDE

Montréal, le mardi 18 mai 2010 — Trente ans après le référendum de 1980 et quinze ans après celui de 1995, une majorité de 58% des Québécois juge que le débat sur la souveraineté du Québec est dépassé, alors qu’une minorité de 26% estime qu’il est plus pertinent que jamais. Telle est la principale conclusion d’un sondage CROP mené auprès de 1000 répondants par le biais d’un panel WEB entre le 15 et le 22 avril dernier sous les auspices de l’Idée fédérale, un réseau québécois de réflexion sur le fédéralisme.

Parmi les autres résultats du sondage on constate que :

• Seulement 14% des répondants estiment que le Québec sera un État indépendant d’ici 30 ans ;
• 47% jugent qu’il y a moins de raisons que le Québec devienne indépendant aujourd’hui qu’il y a 30 ans ; 41% croient qu’il y a autant ou plus de raisons qu’en 1980 que la province devienne un pays souverain ;
• Les personnes interrogées ne se montrent pas pour autant enthousiastes à l’égard du fonctionnement de la fédération canadienne ; seulement 26% estiment que les désaccords entre le reste du Canada et le Québec se sont généralement réglés à la satisfaction des deux parties, tandis que 56% pensent le contraire.

Le sondage révèle en outre que 57% des personnes interrogées pensent que la survie du français est moins bien assurée aujourd’hui qu’il y a 30 ans. Bien que la protection du français a été perçue pendant longtemps comme un argument militant en faveur de l’indépendance, il est permis de croire que compte tenu des autres résultats du sondage, cette inquiétude envers la survie du français au Québec, repose davantage sur l’envahissement planétaire de l’anglais et ses effets sur le recul de toutes les langues nationales.

Par ailleurs, le sondage permet d’observer que lorsqu’ils sont invités à se définir soit comme fédéraliste, soit comme souverainiste, les répondants sont nombreux à refuser de se coller une étiquette. C’est ainsi que le Québec semble divisé en quatre groupes, une proportion de 22% des répondants se décrivant comme surtout fédéraliste, 24% surtout souverainiste, 22% entre les deux et 25% ni l’un ni l’autre. « Ces résultats rejoignent en bonne partie ceux obtenus dans le premier sondage réalisé par l’Idée fédérale en avril 2009 et qui portait sur les perceptions des Québécois à l’égard du fédéralisme. Le sentiment d’urgence qui entourait la question nationale lors des deux référendums de 1980 et 1995 semble s’être dissipé. Pour bon nombre de Québécois, l’indépendance n’apparaît plus comme une solution aux problèmes du Québec, y compris la fragilité relative de la langue française. La population s’accommode du statu quo, sans adhérer pour autant à la thèse fédéraliste. On a l’impression que le débat sur l’avenir politique de la province n’est tout simplement plus pertinent à leurs yeux. Il y a là ample matière à réflexion pour les deux camps qui s’affrontent sur cette question depuis plus de 40 ans », d’affirmer André Pratte, porte-parole de l’Idée fédérale.

L’ÉTAT DU FÉDÉRALISME DANS LE MONDE EN 2010

L’Idée fédérale a également rendu publique aujourd’hui une étude commandée au professeur André Lecours de l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa sur l’État du fédéralisme dans le monde. Cette étude dresse un inventaire des principaux enjeux auxquels sont confrontés les systèmes fédéraux actuels et des différences qui les distinguent les uns des autres. L’étude aborde des questions importantes dans la pratique du fédéralisme comme, entre autres, la centralisation et la décentralisation, la symétrie et l’asymétrie, la gestion de la diversité et des conflits et la redistribution de la richesse. L’auteur analyse diverses expériences liées à la pratique ou aux principes du fédéralisme dans plusieurs pays dont notamment, la Belgique, la Suisse, l’Inde et les États-Unis. Selon André Lecours, « le degré de succès d’un arrangement fédéral devrait être évalué par sa capacité de gérer, plutôt que d’éliminer les conflits. Le fédéralisme peut bien sûr aider à la résolution des conflits, mais il doit être utilisé en combinaison avec d’autres stratégies, telles le partage de pouvoir, la reconnaissance de droits linguistiques ou l’acceptation de politiques asymétriques ».

L’étude sur l’état du fédéralisme dans le monde est la troisième étude publiée par l’Idée fédérale depuis sa création en juin 2009. Le groupe de réflexion a publié en novembre 2009 une première étude sur la place du Québec dans la redistribution électorale fédérale sous la plume de Louis Massicotte, professeur au département de science politique de l’Université Laval. En mars dernier L’Idée fédérale publiait une deuxième étude intitulée : Centraliser le soutien aux arts à Québec : une bonne idée ?, réalisée par les chercheurs François Colbert et André Courchesne, respectivement titulaire et directeur du développement des affaires à la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémi- Marcoux de HEC Montréal. L’Idée fédérale est un réseau non partisan et son but est d’alimenter par des recherches, des sondages et des activités publiques, des échanges de qualité sur tous les aspects du fédéralisme. On peut consulter les publications de l’Idée fédérale à l’adresse suivante : www.ideefederale.ca

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