allemagneRobert Gould
L’auteur est chercheur au Centre for European Studies, à l’Université Carleton, à Ottawa

 

En raison du haut degré de collaboration entre le pouvoir exécutif du gouvernement fédéral et celui de chacun des états fédérés (Länder), le fédéralisme allemand est souvent quali é de « fédéralisme exécutif ».

Cette forme de fédéralisme collaboratif est le résultat de plusieurs arrangements institutionnels et notamment du fait que la chambre haute de la législature fédérale est composée de représentants directement nommés par le conseil des ministres des Länder. De plus, la Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne de 19491 oblige chaque délégation à voter en bloc et selon les directives de leur gouvernement respectif. En n, chacun des Länder possède à Berlin une mission of cielle a n de s’assurer que leur point de vue soit bien pris en compte dans la capitale fédérale.

La déclaration fracassante de la Chancelière Angela Merkel, selon laquelle « le multiculturalisme est, comme approche, un échec complet et total », a occasionné de nombreux commentaires dans les médias de toutes les régions d’Allemagne et a même retenti jusqu’au au Canada. Elle l’a prononcée le 16 octobre 2010 devant le Congrès national de la jeunesse des deux partis démocrates-chrétiens : la CSU (Bavière) et la CDU (reste de l’Allemagne). Ce qui n’a pas été rapporté dans les médias d’outre-Atlantique en revanche, c’est que deux jours plus tôt, elle avait véhiculé le même message lors du congrès régional de la CDU où étaient réunis les militants des Länder de Brandebourg et Berlin2. Le message était moins dru, mais non moins clair. À cette occasion, Madame Merkel avait parlé de la « berceuse qu’est le multiculturalisme » (Multikulti-Eiapopeia). Le même jour, la revue Der Spiegel publiait une entrevue où le Ministre-président de Bavière (connu pour son conservatisme et son opposition à toute concession envers les nouveaux arrivants étrangers) exprimait son rejet de « l’illusion de la société multiculturelle », la rendant responsable du développement de « l’intolérance, et d’une prédisposition à la violence, à la séparation des groupes sociaux et à la polarisation de la société ». Lors du congrès national de la CDU alors que la Chancelière prononçait son discours, il n’a pu résister à la tentation de renchérir et de crier dans la salle « Le multikulti est mort ! ».

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